PODOR :                                      une ville, une histoire, des hommes

La ville de Podor est située sur l'Ile à Morphil, délimitée au Nord par le fleuve Sénégal et au Sud par un bras du fleuve, le Doué, qui s'en détache à une centaine de kilomètres en amont et s'y rattache à 10 km de Podor. Podor est à 215 km de Saint-Louis, au point le plus au Nord du Sénégal, au coeur du Fouta Toro. 

Podor était dans les siècles passées la soeur jumelle (et quelque peu ennemie) de Saint-Louis, escale fluviale sur le fleuve Sénégal, au centre d'un important commerce de biens fondé sur l'exportation de la gomme arabique, principalement, et de l'importation de matériaux de construction et de biens de consommation. La ville compte une dizaine de comptoirs fluviaux qui ont connu leur pic de fréquenation entre 1860 etr 1950 avec plusieurs rotations de bateaux chaque jour au port de Podor. Les grands noms du négoce de l'époque étaient présents à Podor : Devès, Maurel, Prom, Foy, Singer, Peyrissac, ......

Du fait de son enclavement, au bout des 22 km de route construite entre la route nationale qui relie Saint-Louis à Bakel, via Matam, la ville de Podor est aujourd'hui menacée par le développement de Ndioum, située, quant à elle, sur ladite nationale. Les activités économiques sont centrées sur l'agriculture, avec les périmètres irrigués construits ces 40 dernièures années après la construction du barrage de Manatali qui a régulé le débit du fleuve et permis de disposer d'un bon niveau d'eau dans le lit du fleuve toute l'année. Les principales cultures sont le riz, les oignons, le gombo et le piment, et, de façon plus marginale, dans les jardins maraîchers sur la rive du fleuve, les légumes courants : salade, choux, carottes, pomme de terre, manioc, bananes, ..

La ville de Podor comptait quelques figures locales qui en connaissaient très bien l'histoire et pouvaient en parler avec intérêt et passion, mais la plupart d'entre elles sont aujourd'hui disparues : Abdourahmane Niang, professeur, qui sauva le Fort du pillage, l'entretint pendant près de dix ans jusqu'à sa retauration, Demba Assane Sy, infirmier puis directeur de services sociaux, auteur de deux livres passionnants, L'escale de Podor, et Parcours d'un jeune peuhl à l'assaut de la vie, Oumar Ly (photo), photographe, Ibrahima Sy, gardien du Fort, et d'autres ....

Et parmi les artisans : Grand père, jardinier et peintre (photo avec le chapeau en métal), Diabou Sakho, teinturière (photo) 

Quelques amis et non moins figures locales qui ont marqué l'histoire de Podor ces derniers temps, aujourd'hui disparus    

  • Abdourahmane Niang, professeur, qui sauva le Fort du pillage, l'entretint pendant près de dix ans jusqu'à sa retauration,
  • Demba Assane Sy, infirmier puis directeur de services sociaux, auteur de deux livres passionnants, L'escale de Podor, et Parcours d'un jeune peuhl à l'assaut de la vie, 
  • Oumar Ly, photographe,
  • Ibrahima Sy, complice d'Abdourahmane Niang lors du sauvetage du fort, puis gardien dudit Fort, 
  • Grand père, jardinier et peintre (photo avec le chapeau en métal),             
  • Diabou Sakho, teinturière (photo)                                                                       
  • Maodo Diop, employé de Peyrissac puis fondateur de la Quincaillerie Diop entre 1954 et 2004

Du village de Thioffy à la ville de Podor

La maison Guillaume Foy, au premier plan, à gauche, avec l'annexe du Fort et le Fort lui même en arrière plan, à droite

 

 

 

 

 

 

 

 

La Maison Guillaume Foy est un des anciens comptoirs commerciaux construits dans la deuxième moitié du 19e siècle par des négociants français, bordelais pour la plupart. Les premiers d'entre eux étaient venus au siècle précédent, pour faire du commerce à Saint-Louis et sur le fleuve Sénégal, bien avant le processus de colonisation engagé de façon formelle, avec le développement administratif notamment, en 1856, mis en œuvre par le général Faidherbe, gouverneur de la Colonie du Sénégal.

Pour ce qui est de la navigation sur le fleuve Sénégal, pierre angulaire de la pénétration commerciale à l'intérieur des terres, le tirant d'eau ne permettait pas d'aller au-delà du village de Thioffy (aujourd'hui Podor) avec les bateaux quillés pour l'Atlantique. Ceux-ci  devaient donc interrompre leur progression au niveau de ce village.

Les négociants avaient établi ce que l'on appelait des escales, le long du fleuve, et jusqu'aux années 1850/60, ils payaient des coutumes (taxes) aux nombreux rois et chefs coutumiers qui avaient la main mise sur les petits territoires jouxtant le fleuve, en échange d'un droit de passage et d'une certaine protection (non agression !).

Parmi ces escales, il y en avait une appelé "L'Escale du terrier rouge » du nom d’une petite colline de sable rouge située en face du village de Thioffy, laquelle escale fut par la suite appelée "L'Escale de Podor".

Comme dans la majorité des escales, ils y organisaient le transfert des produits importés et/ou exportés sur les rives, avant de se repositionner au milieu du fleuve, la nuit, du fait de l'absence de sécurité à terre.

A l'Escale de Podor, terminus de la navigation des bateaux quillés pour l'océan, il fallait donc transférer les marchandises sur des péniches à fond plat, en vue de les acheminer au-delà par voie fluviale, ou sur les rives, en vue de les acheminer au Nord (Mauritanie) et au Sud (Sénégal) voies terrestres (chameaux et chevaux).

Après cette période de coutumes, qui généraient pas mal de conflits et d'avidités de la part des multiples petits chefs traditionnels, chacun souhaitait que soit construit chez lui un Fort et établi une escale, l'administration coloniale (Protet jusqu’en 1854, puis Faidherbe) décida que le fleuve lui appartenant, les commerçants n'avaient plus à payer ces coutumes contraignantes. Cela était rendu possible par la pacification des tribus tant sur la rive droite (Mauritanie) que sur la rive gauche (Sénégal). Des accords commerciaux compensatoires ayant été négociés avec les intéressés pour soutenir cette décision. ​

C'est à la même époque que le Gouverneur Protet obtint de son ministère de tutelle à Paris les fonds nécessaires à la restauration du Fort. Réalisé en 1854 par Faidherbe, agissant sur ordre de Protet, les travaux de restauration furent menés en quelques semaines. La sécurité étant alors assurée, la navigation devenait plus facile et l'installation des négociants à Podor, possible. Faidherbe, devenu Gouverneur après le départ de Protet, organisa les travaux pour créer la ville de Podor, en veillant à créer un lotissement destiné aux négociants, sur le quai, de façon à y faciliter le stockage et le transfert des marchandises. Une douzaine de comptoirs furent construits, sur la rive gauche du fleuve, puis d’autres, dans les rues situées en arrière du quai. 

Par la suite, le quai fut aménagé pour accueillir les bateaux en toute saison, sachant que les crues étaient très fortes et les niveaux d'eau très changeants. Trois niveaux de quai d’accostage furent ainsi aménagés. Ce n’est que dans les années 1930 qu’un quai moderne fut construit en palplanches pour remplacer les anciens.

Comme à Gorée et Saint-Louis, les bâtiments étaient construits sur le modèle du rez-de-chaussée consacré au commerce, avec des entrepôts massifs, hauts de plafond, avec des portes en bois armés de ferrures à décourager les voleurs, et d'un étage consacré aux zones d'habitation des familles.

Les maisons de Podor ont été construites après l'abolition de l'esclavage et n'avaient pas d'esclaveries, contrairement au Fort de Podor qui, dans sa configuration d'origine, en comptait deux. Selon les textes de l'époque, il semble que l'esclavage ait été très peu développé sur le fleuve du fait des conditions de vie et de déplacement qui le rendait difficile et périlleux.

Les tuiles et les briques étaient importées de Marseille, notamment les célèbres tuiles mécaniques qui remplaçaient les traditionnelles tuiles rondes, romaines (beaucoup plus belles pourtant et toujours utilisées et imposées dans les villages anciens du Sud de la France).

Par la suite, une partie des briques et des carreaux fut fabriquée sur place, à grands coups de déforestation. L'omniprésence des tuiles marseillaises nous a conduits à faire une recherche documentaire à Marseille que notre ami Hans Roeske a effectué avec zèle jusqu'à trouver à l'Estaque, où étaient autrefois établies les briqueteries, une somme d'informations passionnantes que nous avons restituées dans une petite exposition située au rez-de-chaussée de la maison (photo ci-dessus).

Parmi les spécificités architecturales des maisons et comptoirs du 19e siècle, il est important de mentionner les balcons, coursives fenêtres et portes en bois. Celui-ci était importé de France avec les bateaux quillés pour l'océan et qui remontaient donc jusqu'à Podor. Les petites marchandises, quant à elles, étaient transportées dans de vastes caisses de bois fabriquées avec un bois peu prisé en France, issu de la région de Bordeaux, le pitchpin. Les négociants et les colons les démontaient et se faisaient fabriquer leur mobilier, portes et fenêtres.

D'où cette fameuse spécificité du mobilier colonial en pitchpin. La photo ci-dessus à gauche représente la coursive intérieure de la Maison Guillaume Foy, restaurée à l'identique. La Maison Jaam, à Saint-Louis (propriété de Yves lamour), une superbe maison d'hôtes, reflète intimement l'esprit et l'ambiance des maisons du 19e et contient de très beaux meubles et portes fenêtres en pitchpin.

Images

Le Fort de Podor

Le Fort de Podor fut construit en 1744 par Pierre David, alors Gouverneur de Saint-Louis (bien avant que ne soit créé Dakar). Il fut successivement occupé par les français et les anglais, avant d'être quasiment abandonné.

Sa restauration fit l'objet de nombreuses tergiversations au sein du gouvernement français dont les ministres et autres responsables des colonies, la jugeaient utile ou non.  Il fut finalement restauré en 1854 par Faidherbe, sur ordre du Gouverneur Protet. La restauration fut menée en quelques semaines et la navigation fluviale fut dès lors sécurisée, ce qui permit à Faidherbe, devenu Gouverneur, de lancer la construction de Podor en vue de permettre aux négociants de Saint-Louis d’y construire des comptoirs commerciaux et de s’y installer.

Petite histoire de la Maison Guillaume Foy

 

 

Le père de Guillaume Foy est sans doute arrivé au Sénégal à la fin du 18e siècle ou au début du 19e, à la même époque que Bruno Devès, comme la plupart des négociants de Saint-Louis, bordelais pour la plupart.

Bruno Devès, quant à lui, était venu avec la Méduse, cette tristement célèbre goélette qui fit naufrage dans le ban d’Arguin et donna lieu à l’épisode du radeau de la Méduse. Certains négociants ont épousé des femmes sénégalaises à leur arrivée si bien que leurs enfants, tels Gaspard Devès, l’un des fils de Bruno Devès, et Guillaume Foy, étaient métis. Vers 1850, Guillaume Foy donna en mariage à Gaspard Devès sa fille Catherine, qui était née en 1832, mais celle-ci, comme de nombreuses femmes à cette époque, décéda probablement en couche, en 1851, laissant une fille à son époux qui se remaria avec une jeune femme de Bakel qui lui donna une grande descendance.

La famille Devès se positionna par la suite très clairement en faveur des locaux, ce qui lui valut pas mal de désagréments de la part de l'administration française. Cela ne les empêcha pas de jouer un rôle clef dans le développement de Saint-Louis, tant commercial et administratif que financier, à travers notamment la création de la Banque du Sénégal.

C’est le 5 mai 1856 que la Colonie du Sénégal avait concédé le terrain à titre provisoire à Guillaume Foy. C'est donc vers 1859/60 qu'il a dû bâtir sa maison, de même que ses voisins (et non pas vers 1820 ou 30 comme nous le pensions jusqu'à présent !)

Guillaume Foy bâtit sa fortune sur le négoce de la gomme arabique. Il côtoyait sur le quai de Podor, les Devès, Chaumet, Buhan, Teissère, Singer, Granges, Valentin, Descemet, qui ont marqué par la suite l’histoire du commerce en Afrique de l’Ouest. Son gendre Gaspard Devès hérita de la fortune de son beau père à travers sa femme Catherine, et leur fille. Il compta parmi les riches commerçants de Saint-Louis qui y jouèrent des rôles clefs quant à son développement jusqu'au début du vingtièmpe siècle. Il disposait de nombreux comptoirs à St Louis dont il devint maire puis contribua à la fondation de la Banque du Sénégal. Il est le père de Justin Devès, lui-même maire de Saint Louis au début du 20e siècle.

La restauration de la maison

La maison, dans laquelle Anne Jean-Bart, une des futures copropriétaires, avait dormi une quinzaine d'années plus tôt, était abandonnée et, faute d'entretienn, sérieusement attaquée par les eaux de pluie. les plafonds et les plan chers des chambres de façade étaient détruits à 30%.                                                            La restauration de la maison s'est faite dans l'idée d'en faire une maison d'amis, une sorte de maison de campagne à la française, à 500 km de Dakar et près de 10 heures de route. Un projet fou qui a rapidement cédé la place d'une part à un programme de restauration plus important, du fait de l'état réel des locaux, et d'autre part à l'idée de créerdes chambres d'hôtes pour en amortir le coût et faciliter l'entretien.                                                                                                    La restauration a été faite dans l'idée de conserver à la maison son esprit, ses ambiances, les matériaux, les couleurs, et d'une certaine façon, les volumes. Les entrepôts du rez-de-chaussée, notamment, ont été maintenus dans leur jus, avec leurs plafonds en vieilles planches de bois, leurs poutres, dont certaines rapiécées, leurs enduits cabossés. Certaines appendices qui défiguraient la façade ont été supprimées pour rendre au bloc central des trois chambres sa véritable dimension.  La maison a conservé, avec ses ocres, un certain parfum de Méditerranée, de même que la fragilité de certains éléments d'architecture, tels que les galeries et escaliers en bois.

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NOTRE COUP DE GUEULE

CLAP DE FIN A NGAWLE

Près de la moitié des maisons en terre, témoins de l'archi-tecture traiditonnelle locale à fort potentiel touristique, sont détruites et remplacées par des maisons en briques de ciment qui ne respectent pas le design traditionnel. En plus de cela, la forêt classée située tout près du village a été entièrement rasée cet hivernage ! Autant dire que, comme d'autres villages, Ngawlé ne présentera plus, sous peu, aucun intérêt en termes  de patrimoine local. Dommage

 L'IMAGE DE LA SEMAINE

La cour en fin d'après midi avec des jeux d'ombres et de lumière siur les ocres

Contacts

Auberge du Tékrour

Maison Guillaume Foy

BP 90 Podor Sénégal

info@aubergedutekrour.net

ericsilvestre@yahoo.fr

abelndong@yahoo.fr

sgfongs@yahoo.fr (Nadjirou)

michelescalbert@wanadoo.fr

seydousilvestre@yahoo.fr

plas.schwoerer@gmail.com 

Téléphones (au Sénégal)

00 221 33 965 16 82 (La maison)

00 221 77 526 52 00 (Abel, gérant adjoint)

00 221 77 249 86 65 (Eric, gérant)

00 221 77 636 54 69 (Nadjirou)

(En France)

00 33 (0)6 14 49 68 97 (Eric Silvestre)

00 33 (0)6 18 38 02 21 (Michèle Scalbert)

00 33 (0)6 64 89 70 28 (Seydou Ba-Silvestre)

00 33 (0)6 16 20 87 88 (Bernadette Plas Schwoerer) 

RACONTE MOI TA MAISON

"RACONTE MOI TA MAISON" est la lettre d'information de l'Auberge du Tékrour et de la Maison Guillaume Foy. Tous les numéros sont dans le portail ci-dessus : La Maison et l'auberge

N°12 février 2023.pdf
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Extension de la croisière sur le "Bou el Mogdad" : la Balade au Bout du Bou 

Vous pouvez associer la croisière sur le BOU EL MOGDAD avec un séjour à Podor dans l'AUBERGE DU TEKROUR

Nous vous proposons, en collaboration avec la COMPAGNIE DU FLEUVE une formule originale pour découvrir Podor et l'Ile à Morphil : la Balade au bout du Bou avec deux jours en pension complète, une randonnée et un circuit.

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